Patience Ainsi que Charles Burns Shelter market | Les Impressions Nouvelles

(le second est là pour la rentrée 2020)

Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro

Un auteur de BD fait ses courses et n'a pas sa carte de fidélité. La caissière appelle le vigile, le client s'enfuir. Traqué par la police, il avance entre remord et questions existentielles. Les médias en parlent, la société est divisée : psychose ou volonté d'engagement, compassion et idées fascisantes. Est-il une menace pour la société. Récit entre road-movie et fait-divers, l'auteur fait surgir autour de son personnage en fuite, toutes les figures marquantes -et concernées- de la société (famille, médias, police, voisinage…). Déferlement de réactions improbables ou prévisibles.

Après Under The Dome (d’après le roman de Stephen King), Real Humans et Trepalium (3) et bien d’autres, la science fiction se décline en séries. Et en terme de choix, le domaine n’en manque pas, il y a matière : roman d’anticipation, fantastique, uchronique chez Jules Verne, utopique chez Thomas More, planet opera pour P.J. Farmer et autres précurseurs comme Maupassant, Poe, Italo Calvino, Philip K. Dick, Aldous Huxley, Rau Bradbury, Isaac Asimo, Lovecraft (4). On pense aux BD Valérian, Horologium, Shelter Market (rééditée), à L’Éternaute ou encore La ville qui n’existait pas, légendes d’aujourd’hui de Bilal et Christin… Marc-Antoine Mathieu pour l’univers graphique et tant d’autres.

Mention spéciale pourSoleil Vert (5) adapté en film en 1973 ainsi que la sortie il y a peu de la suite du roman La Servante Écarlate (6) de Margaret Atwood. Et pour finir, Je suis vivant, mais j'ai peur roman de Gilbert Deflez doublé d'un disque 33 tours composé par Jacky Chalard (dans lequel Gilbert Deflez lit son texte). L'album est édité par Pathé-Marconi-EMI en 1947 puis réédité en CD et vinyle en 2010 par Finders Keepers Records (7).

Ce genre attire tout les milieux artistiques, les créatifs y sont sensibles. Je terminerais donc par un choix efficace de 4 minutes et quelques qui a déferlé sur la scène musicale française : visionnez et écoutez le dernier clip du groupe La Vague : Lemme Be (8). Le voyage a duré plus longtemps que prévu mais l’un faisant écho à l’autre, quand on entre dans cet univers on ne sait jamais à quel moment on le lâchera.

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S.O.S. Bonheur (édition intégrale), de la série de bande dessinée S.O.S. Bonheur - Intégrale, de Griffo - Van Hamme - - Éditions Dupuis

Un rêve éveillé qui se transforme en cauchemarTout fonctionne à merveille. L'État providence veille sur le bonheur de chacun de nous. Bonheur officiel. Bonheur programmé. Comme toujours, Louis aurait pu feindre d'ignorer la réalité des "déregs", ces rebelles systématiquement déregistrés du Grand Fichier Central et condamnés à la mort civile.

https://www.dupuis.com

(une saison 2 est parue)

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(1) Snowpiercer - SÉRIE : https://www.youtube.com/watch?time_continue=9&v=7lFMpmwn_hQ&feature=emb_logo

(2) Ōbāman Kingu Geinā - PREMIER ÉPISODE : https://www.youtube.com/watch?v=txhUT1uARuQ

(3) diffusée sur Arte en 2013 et 2016. Le choix du titre s'explique par l' instrument de torture à l'origine étymologique latine « tripalium ou trepalium », synonyme de souffrance et se déclinant par la suite pour obtenir le mot « travail ».

(4) A LIRE : Les montagnes hallucinées tome 1 & 2 puis Dans l’abîme du temps – paru à la rentrée 2019 – de Gou Tanabe, adaptation en roman graphique.

(5) La scène du marché : https://www.youtube.com/watch?v=MuGHrmDwEVU&feature=share&fbclid=IwAR18Rj3v5_RfP-5FWJmY8eqlm8jCTOEzSm6-mM1y_cP9ENVWC35rC8T6T_o

(6)A VOIR : The Handmaid's Tale adapté en film en 1990 (et en série en 2017).

(7) EN ÉCOUTE sur Discogs : https://www.discogs.com/Gilbert-Deflez-Je-Suis-Vivant-Mais-JAi-Peur/master/356840

(8) https://www.youtube.com/watch?v=5snpWUI6LXM SITE OFFICIEL : http://www.lavaguemusic.com/

QUARTIER EN GUERRE - New-York, années 1980 de Seth Tobocman, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Julien Besse
Éd. CMDE – Collection « Les réveilleurs de la nuit » Févr 2017. 11 chapitres de portraits de personnes côtoyées, pour raconter des moments clefs de ces combats. Perspectives urbaines et les aplats noirs à la manière de Frans Masereel, textes placardés comme des tags.

Artiste majeur de la BD underground américaine. Il est l’auteur, entre autres, de You Don’t Have to Fuck People Over to Survive (AK Press), Landscapes and Disasters (AK Press), World War III Illustrated: An Anthology (PM Press) et de Len: A Lawyer in History (AK Press). Au CMDE, il a publié Quartier en guerre (2017) et Le Visage de la lutte (2019).

Les spéculateurs immobiliers, alliés aux politiques et à leur police, rêvent de débarrasser Manhattan des squatters, punks, portoricains, sans-abris, pauvres. Seth Tobocman, raconte une décennie de luttes, manifestations et émeutes, avec les réquisition d’immeubles, les flics qui tabassent les gens au hasard, la malhonnêteté des médias et des pouvoirs publics, l’occupation de l’ABC, de Tompkins Square Park, la marche de Tent City,… Gentrification, crise du logement : les histoires se répètent partout et rien n’a vraiment changé. Il constate les vertus de l’autogestion.
« Sachez que nous avons essayé de négocier avec le système et il s’est avéré incapable d’honorer ses engagements. Nous sommes allés au tribunal pour nous rendre compte qu’ils ne respectaient pas leurs propres lois. La seule chose qu’ils respectent, c’est notre capacité à les combattre. Ce qui ne laisse qu’une seule option à des gens par ailleurs pacifiques... On ne peut ressusciter les mouvements du passé. Les circonstances changent et exigent de nouvelles réponses. J’espère que vous pourrez vous servir de tout ça pour construire quelque chose de nouveau et de meilleur. »

Istmeño, le vent de la révolte : chronique d’une lutte indigène contre l’industrie éolienne d'Alèssi Dell'Umbria - Coédition avec les éditions du Bout de la ville (2017)

LA RAGE ET LA RÉVOLTE

Depuis que " la société du spectacle a consacré la célébrité comme unique mode de communication, de reconnaissance publique ", certains, " marqués par la hogra ", ne peuvent espérer de reconnaissance que par le scandale, forme négative de la célébrité.

http://bibliothequefahrenheit.blogspot.com

Lutte inconnue en France, celle des communautés indigènes de l’Isthme de Tehuantepec, dans le Sud du Mexique,qui s’opposent à l’un des plus grands parcs éoliens du monde. Le « développement durable » peut très bien s’armer de fusils. Le film est complété par un livre qui se situe entre le carnet de voyage et l’essai historique.

« À ce stade, la question n’est même plus de savoir si les éoliennes sont ou non compatibles avec les activités traditionnelles des indigènes istmeños ; fondamentalement, elles ne le sont pas. L’industrie éolienne peut tolérer celles-ci à la marge, dans les espaces résiduels entre deux rangées de moulins. Mais ce rapport singulier à la terre, à la lagune et au vent qui fait l’essence d’un monde, disparaîtrait. En perdant le contrôle de leur territoire, les Istmeños perdraient ce qui constitue leur être commun. […] J’ai fait un film pour qu’on entende ceux dont les voix seraient inaudibles dans les médias, pour que leur humanité se déploie selon ses formes propres. À chacun de décider si ce but a été atteint. En tout cas, les indigènes rebelles s’y sont reconnus – ceux que j’ai filmés, et les autres. »

Istmeño, le vent de la révolte

Coll. À l'ombre du maguey Sortie le 13 septembre 2018 Istmeño, le vent de la révolte raconte l'histoire d'une lutte quasiment inconnue en France, celle des communautés indigènes de l'Isthme de Tehuantepec, dans le Sud du Mexique, qui s'opposent à l'un des plus grands parcs éoliens du monde.

https://editionscmde.org

MYTHOPOÏESE

Depuis que les mésanges ont renversé les États (en ré-écrivant les discours des dirigeants), la pensée animiste s'est installée partout dans le monde : les chefs n'ont plus de pouvoir, les plantes et les animaux sont désormais considérés comme des personnes. Le monde change.

http://bibliothequefahrenheit.blogspot.com

On reste dans la thématique livre & nature : les chefs n’ont plus de pouvoir, les plantes et les animaux sont désormais considérés comme des personnes. Le monde change. Macron propose de « définir les interactions qui vont se construire entre les zones qui resteront gérées par l’État, et celles qui s’organiseront en s’inspirant des ZAD du Chiapas et de tout ce qui à commencé à s’inventer sur les ronds-points et dans les maisons du peuple ». Une loi stipule que toute personne tentant d’encourager la réinstauration d’une relation d’exploitation à l’égard des plantes, des animaux ou des écosystèmes, est passible d’emprisonnement à vie. En classe verte, les enfants font sauter les champs d’éoliennes qui dérangent les populations de chauves-souris, « surtout celles de la pipistrelles de Nathusius qui est déjà super rare », et l’anthropologue jivaro Wajari Tsamarin se bat pour que certaines pratiques traditionnelles puissent subsister, comme dans la zone protégée du sud Seine-et-Marne où vivent encore « plusieurs grands chefs occidentaux », au milieu de « splendides champs en monoculture ».

OLIVIER BONHOMME

Préfacée par Jean Jouzel, climatologue représenté dans la BD Saison Brune de Philippe Squarzoni (2012) :

SAISON BRUNE (SQUARZONI) - DELCOURT

Le titre de l'album fait référence à cette cinquième saison qualifiée de "brune" dans le Montana, période d'indécision entre l'hiver et le printemps. Dans Saison brune, Philippe Squarzoni tisse un récit inédit, qui entremêle analyses scientifiques et interviews de spécialistes, considérations personnelles et hommages au cinéma, enquête politique et essai engagé.

https://www.editions-delcourt.fr

Énergies fossiles source de la croissance du XXe s. et impacts. Le rythme de la transition énergétique n'est pas en phase avec le tictac de l'horloge climatique. Pour contenir le réchauffement en dessous de 2° C, il faut changer les règles du jeu économique. Remise en cause du modèle de croissance et réévaluation du progrès technique. Approvisionnements alimentaires et équilibres des territoires : une révision de nos représentations du rapport de l'Homme à la Nature.

Catherine Meurisse :

Les Grands Espaces

Catherine Meurisse a grandi à la campagne, entourée de pierres, d'arbres, et avec un chantier sous les yeux : celui de la ferme que ses parents rénov...

https://www.dargaud.com

“ le premier missionnaire blanc qui débarqua à #Samoa, arriva sur un voilier. Les aborigènes prirent de loin les voiles blanches pour un trou dans le ciel, à travers lequel le Blanc venait à eux. Il traversait le ciel ”

“ pour le Papalagui l’habitude de penser est souvent sur le chemin comme un gros bloc de lave dont il ne peut se débarrasser. Il pense à des choses gaies, mais n’en rit pas, à des choses tristes, mais n’en pleure pas. Il a faim, mais ne prend pas de taro ni de palousami. C’est un homme dont les sens vivent en conflit avec l’esprit, un homme divisé en deux parties… [il] pense tant que penser lui est devenu une habitude, une nécessité et même une obligation. Il faut qu’il pense sans s’arrêter. Il parvient difficilement à ne pas penser, en laissant vivre son corps. Il ne vit souvent qu’avec la tête, pendant que tous ses sens reposent dans un sommeil profond… Un Samoan intelligent étend ses membres sous la chaude lumière et ne pense à rien. Il ne prend pas seulement le soleil avec la tête, mais aussi avec les mains, les pieds, les cuisses, le ventre et tous les membres. Il laisse sa peau et ses membres penser pour lui. ”

“ Quand l'homme a besoin de beaucoup de choses, il est dans une grande pauvreté, car il prouve en cela qu'il est démuni des choses du Grand-Esprit. Le Papalagui est pauvre parce qu'il est possédé par les objets. Il ne peut pas vivre sans les objets […] il y a en Europe des hommes qui posent le tube à feu sur leur propre front et se tuent, parce qu'ils préfèrent ne pas vivre plutôt que vivre sans les objets. Le Papalagui saoule son esprit de multiples façons, ainsi, il se fait même croire qu'il ne pourrait pas survivre sans les choses, comme un homme ne peut pas survivre sans manger ! ” - “alofa” = cadeau -

“ Aimons nos coutumes qui ne permettent pas qu'un homme ait plus de choses qu'un autre […] notre cœur ne devient pas comme celui du Papalagui qui peut être heureux et gai même si près de lui son frère est triste et malheureux. […] Je n'ai jamais bien compris cette sorcellerie, mais en réalité c'est ainsi, l'argent se multiplie comme les feuilles d'un arbre et l'homme s'enrichit même pendant qu'il dort. […] Alors les hommes disent “il est riche.” Il l'envient et lui font beaucoup de flatteries… Il y a beaucoup de blancs qui entassent l'argent que d'autres ont fait pour eux, le portent dans un lieu sûr où il est bien gardé, jusqu'a ce qu'un jour ils n'aient plus besoin de travailler, car maintenant l'argent travaillent pour eux. […] Si c'est une femme, elle prend une jeune fille à son service. Elle doit nettoyer le natte sale, la vaisselle et les peaux de pieds. ”

“ Et parce que les corps des femmes et jeunes filles sont recouverts (CF : en Amazonie depuis la colonisation - Stéphen ROSTAIN & Pierre BALLESTER), hommes et adolescents ressentent un grand désir de voir leur chair, comme c’est naturel. Ils y pensent jour et nuit et parlent beaucoup des formes du corps, comme si ce qui est beau et naturel était un grand péché et ne pouvait arriver que dans l’ombre obscure. S’ils laissaient voir ouvertement la chair, ils s’adonneraient à d’autres pensées, leurs yeux ne loucheraient pas et leurs bouches ne diraient pas de mots libidineux […] Le Blanc est idiot, aveugle, il n’a pas le sens de la vraie joie, lui qui doit tellement s’envelopper pour ne pas avoir honte. ”

“ Le journal est aussi une sorte de machine qui fabrique quotidiennement quantité de pensées nouvelles, beaucoup plus que ce qui peut émerger dans une seule tête. Mais la plupart de ces pensées sont faibles et ternes, elles remplissent bien notre tête de beaucoup de provisions, mais ne la rendent pas plus forte. Nous pourrions tout aussi bien remplis notre tête de sable. Le Papalagui bourre sa tête de nourriture inutile des papiers. Avant d'avoir pu rejeter une bouchée, il en reprend déjà une nouvelle.”

“ …quelques-uns ( l'homme blanc, papalagui ) ont bien une grande nostalgie de la forêt, du soleil et de beaucoup de lumière, mais c'est considéré en général comme une maladie qu'il faut maîtriser ”Touiavii, le chef de la Tribu de Tiavéa, a observé de près cet être étrange qu'est le #Papalagui et en dresse un portrait plus éclairé que ne pourrait le faire un ethnologue :
“ le Papalagui étouffe son corps avec des peaux lourdes et serrées qui le privent de soleil ; vit dans des coffres de pierre empilés, séparés par des fentes bruyantes et grises ; est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent toute sa vie ; a inventé un objet qui compte le temps ; depuis il court sans cesse derrière… a développé bien d'autres maladies et comportements absurdes… Alors le sage Touiavii, qui vit dans les îles Samoa, aimerait bien que son peuple ne devienne pas comme le Papalagui, ce curieux homme blanc qui vit en Europe. ”

- La femme comestible (1969) - société de consommation - une femme, à l’époque ne se définit qu’à travers l’homme qui partage sa vie, mère nourricière, et reproductrice, ses enfants assurent son destin, circonscrit au cercle étroit du foyer. Elle est une femme comestible, dévorée symboliquement par son mari et ses enfants. Jusqu’à ce qu’elle reprenne le contrôle de sa vie. Marian sent en effet que son moi et son corps sont en train de se séparer, et que ce dernier ne lui obéit plus traduisant sa coupure avec la réalité. L’assimilation par le corps des aliments est analogue à l’assimilation par le corps social et la transformation de la femme en sujet socialement acceptable. Elle est ainsi « digérée ». L’homme assume un rôle de prédateur, la femme étant une proie comme une autre. “ Peut-être faudrait-il interdire l'accès à l'université aux femmes ; elles n'auraient pas systématiquement le sentiment de rater leur vie intellectuelle, après. ”

- Le dernier homme (2003) : Un monde, le nôtre, dans un futur pas si lointain… dévasté à la suite d'une catastrophe écologique sans précédent, où se combinent des conditions climatiques aberrantes, des manipulations génétiques délirantes et un virus foudroyant prompt à détruire l'ensemble de l'humanité. Esseulé au cœur de cet enfer aseptisé et visionnaire, un homme, Snowman, est confronté à d'étranges créatures génétiquement modifiées, les Crakers, une nouvelle race d’ « humains » programmés pour n'être sujets ni à la violence, ni au désir sexuel, ni au fanatisme religieux. Tel un Robinson futuriste, il doit lutter pour sa survie et celle de son espèce. Au risque d’y perdre son âme…

- C'est le cœur qui lâche en premier (2017) : Touché par la crise économique aux USA, ils survivent et logent dans leur voiture… A la TV, une publicité leur promet un toit : ils signent, plus rien à perdre. À Consilience, chacun a un travail, avec la satisfaction d’œuvrer pour la communauté. La moitié de leur temps, ils habitent dans une maison l'autre en prison… Hilarant & inquiétant, roman d'une implacable satire de nos vices et travers qui nous enferment dans de viles obsessions quand le monde entier est en passe de disparaître. “Le passé est beaucoup plus sûr : tout ce qu'il englobe a déjà eu lieu. On ne peut rien y changer, donc, d'une certaine façon, il n'y a rien à redouter.” #MargaretAtwood #WaltDisney #EPCOTCenter #facadisme #GrandParis & villes nouvelles #ValdEurope

« Le consentement », Vanessa Springora : système Gabriel Matzneff (écrivain) dont elle a été victime

Au milieu des années 80, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. A 13 ans, dans un dîner, elle rencontre G. , un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de 50 ans. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l'aime et ne lui fera aucun mal. La désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays aux mineurs vulnérables.
Derrière les apparences flatteuses de l'homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire. V. tente de s'arracher à l'emprise qu'il exerce sur elle, tandis qu'il s'apprête à raconter leur histoire dans un roman.
“ Depuis tant d'années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre ”.

Plus de 30 ans après les faits, Vanessa Springora dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l'ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d'une époque, et la complaisance d'un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

Le Bal des folles

Premier roman qui met à nu la condition féminine fin XIXe. : Chaque année, à la mi-carême : le temps d’un bal, Paris s’encanaille en compagnie de femmes déguisées : idiotes, épileptiques, folles, hystériques, maniaques… – l’une des expérimentations de #Charcot à l’hôpital de la #Salpêtrière.

Testament : Roorda effectue un retour sur sa vie, ses regrets, son analyse de la société de son époque

Mon suicide par Roorda

“ il y encore en moi une grande provision de gaîté. Détruire tout ça, c'est du gaspillage. Je n'ai jamais su être économe. […] J'ai besoin d'apercevoir, dans l'avenir prochain, des moments d'exaltation et de joie. Je ne suis heureux que lorsque j'adore quelque chose. Je ne comprends pas l'indifférence avec laquelle tant de gens supportent chaque jour ces heures vides où ils ne font pas autre chose que d’"attendre. […] Les richesses sociales sont limitées en quantité ; le travail est fatigant ; l’être humain est condamné à vieillir et à s’affaiblir. Cela, on ne le changera pas. Ces trois conditions expliquent les convoitises du Pauvre et les précautions que prend le Riche pour que son coffre-fort ne soit pas ouvert avec effraction. Elles expliquent les lois que les hommes ont faites pour qu’il y ait dans la société un ordre durable. ”

L'Archipel français - Naissance d'une nation multiple et divisée de Jérôme Fourquet , paru le 7 mars 2019

En quelques décennies, tout a changé. La France, à l’heure des gilets jaunes, n’a plus rien à voir avec cette nation une et indivisible structurée par un référentiel culturel commun. Et lorsque l’analyste s’essaie à rendre compte de la dynamique de cette métamorphose, c’est un archipel d’îles s’ignorant les unes les autres.

Le socle de la France d’autrefois, sa matrice catho-républicaine, s’est disloqué. Jérôme Fourquet envisage d’abord les conséquences anthropologiques et culturelles de cette érosion, notre relation au corps a changé (développement de pratiques comme le tatouage et l’incinération…) ainsi que notre rapport à l’animalité (veganisme). Plus spectaculaire, l’effacement progressif de l’ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet d’« archipelisation » de la société entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, instauration d’une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes (diversification des prénoms).

À la lumière de ce bouleversement sans précédent, on comprend mieux la crise que traverse notre système politique : dans ce contexte de fragmentation, l’agrégation des intérêts particuliers au sein de coalitions larges est tout simplement devenue impossible. En témoignent, l’élection présidentielle de 2017 et les suites que l’on sait…

Nombreuses cartes, tableaux et graphiques de Sylvain Manternach, géographe et cartographe.

« Un des ressorts majeurs de ce processus est à rechercher dans la nouvelle stratification éducative de la société, engendrée par l'augmentation très significative de la proportion de diplômés du supérieur. Pour Emmanuel Todd, cette situation a abouti au fait que, “pour la première fois, les “éduqués supérieurs” peuvent vivre entre eux, produire et consommer leur propre culture. Autrefois, écrivains et producteurs d'idéologies devaient s'adresser à la population dans son ensemble, simplement alphabétisée, ou se contenter de parler tous seuls. L'émergence de millions de consommateurs culturels de niveau supérieur autorise un processus d'involution. Le monde dit supérieur peut se refermer sur lui-même, vivre en vase clos et développer, sans s'en rendre compte, une attitude de distance et de mépris vis-à-vis des masses, du peuple et du populisme qui nait en réaction de ce mépris. »

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